Un gros bad beat pour commencer mon séjour à Vegas !

Pourtant tout avait si bien commencé… Un grand ciel bleu, une température encore supportable voire fraiche le soir, la prévision de moultes tournois palpitants à toute heure du jour et de la nuit, les « tiger roll » qu’on ne trouve qu’ici – comme des sushis mais  en mille fois meilleur – , ma lampe « blue luminotherapy » à fixer sur l’ordi pour se remettre plus vite du décallage horaire arrivée à temps par colis (ça marche ; mais je vous en reparlerais quand ce sera plus à propos) et, histoire de se mettre en jambe, un des tournois à 340$ du Caesar’s Palace.

En effet, pendant toute la durée des WSOP, le Venetian et le Caesar’s se battent à coup de Deepstack. Tous deux proposent le même type de tournois : plein de jetons (20 ou 30 000) pour un buy-in modique, un début assez lent puis une escalade folle au niveau des blindes qui liquide un field de 150 joueurs en 14 heures. En clair, ça commence comme un deepstack et ça finit comme un turbo. Mais bon, il faut avouer que ce sont des tournois bien sympas à jouer pour tous ceux qui n’ont pas les moyens d’enchainer les Events au Rio.

Bref. Me voilà donc dans la poker room de la Rome décadente à 12h30 avec environ 150 compatriotes de carte, plutôt heureuse d’être assise devant mes 20 000 jetons. Comme d’habitude dans ce genre de tournois pas trop chers, les discussions vont bon train, l’ambiance est plutôt détendue ou les bavardages sont continus : « Et là, hier, j’étais à une table de cash et il y avait ce mec de 40 piges, genre total look lunette/i-pod/capuche, le mec il en jette tu vois, sauf que vite, tu comprends pourquoi tout le monde veut être à sa table : les billets sortent de sa poche de chemise et il ne sait pas jouer. Et ben pourtant, tu me crois si tu veux, le mec il a fait n’importe quoi pendant quatre heures et ben il n’a pas perdu un coup ! Il a défoncé tout le monde ! Il a craqué les As avec 7-2 ! La folie. Et ben tu veux savoir la blague ? A un moment, y’a un mec qui lui demande ce qu’il écoute dans son casque et là, il lui sort « Quand je joue, j’écoute la B.O. de Rounders en boucle », faisant se plier de rire tous les habitués à sa table. » Bref, bon enfant.

Et pendant ce temps, je grimpe tranquillement, perdant, gagnant, perdant, gagnant pour finalement arriver à 45 000. Quand arrive LE coup. Attention les yeux.

Je venais de relancer de nombreuses mains car j’avais pas mal de jetons (moyenne à environ 30k). Tout le monde passe jusqu’à moi, de SB. J’ouvre KcQc et relance à 3 000 sur des blinds 600/1 200 sans ante (c’est la particularité des premiers niveaux de ces tournois).
La BB, un canadien jeune, gras, barbu, mal habillé et plutôt LAG dans le mauvais sens du terme, décide de payer. Le flop vient K 5 9 avec deux coeurs, yummy ! J’envoie 4 000, il paie.
Le turn est un 4 qui n’a rien à voir avec la choucroute et j’envoie 8 000. Pour entendre « 60 000 et tapis » chez lui.

Je me retourne brusquement, pensant avoir mal entendu mais non. La bonne blague c’est qu’il a déjà fait plusieurs overbets en bluff auparavant (tous ratés) et qu’on l’a déjà vanné à ce sujet à la table en lui disant d’arrêter. Gros mal de tête : est-ce qu’il me la fait à l’envers ? Je le regarde et il sent le poisson pas frais. Mais c’est dur, je joue tout mon tournoi là dessus et si je passe, il me reste encore la moyenne. Au bout d’une minute, je me dis que finalement, son move n’a vraiment aucun sens et je décide de payer pour entendre un « nice call » faiblard chez lui. Il me retourne 5-7o.

Le pot est à 90k : si je gagne ce coup, j’ai trois fois la moyenne. River : (roulement de tambour inutiles puisque vous avez lu le titre de mon post) un sublime 5. Cris d’effrois/compassion à la table mais je reste muette. Contrite mais muette (j’ai appris à ne plus râler et sortir dignement). Mon assassin, qui était à la base un gentil mec, se confond en excuses mais bon… Il ira d’ailleurs jusqu’à me rattraper dans l’ascenseur pour me dire : « Je vous promets, si je gagne, je vous paie le souper » = je vous invite à dîner en québéquois. Lol. Plutôt mourir.

Caesar m'a tueR (l'enf****)

Ca pour moi, c’est les pires bad beats du monde (même s’il avait 5 outs pour s’en sortir, soit environ une chance sur 9). C’est pas comme les As qui se font craquer préflop par une under paire, parce que ça, c’est une habitude. Mais là, le truc hardcore, c’est de prendre une décision pas évidente, d’avoir le temps de se congratuler de l’avoir prise en voyant la main adverse puis d’être d’un coup guillotiné par une stupide carte à la river. La combinaison stress-soulagement- anéantissement  est toujours un peu rude pour les nerfs.

Mais bon. Mon côté paranormal se dit « Pas grave, je préfère que ça m’arrive maintenant que pendant les WSOP. » (et vous avez interdiction formelle de me mettre dans les commentaires que ça ne veut rien dire du tout et que le capital bad beat n’existe pas).

14 Réponses to “Un gros bad beat pour commencer mon séjour à Vegas !”

  1. Xewod Says:

    Arf moche, il est vrai qu’on voit des trucs très bizarre lors des tournois US. J’avais fait un tournoi au RIO où l’on nous donnait une feuille quand on s’inscrivait avec les différentes combinaisons du poker. J’ai vite compris pourquoi 🙂

    GL pour la suite.

  2. eiffel Says:

    so sick !

  3. Patrick Says:

    arghhh sick !

  4. Hesiode Says:

    AIe, ça sent le mauvais cycle qui commence ça, mal vu avant le debut des WSOP….. lol
    Nan je déconne… c’est vilain en tout cas…. Heureusement son accent quebecois lui fait pardonner tout…. (ou pas… :D)

  5. D8 Says:

    Tu sais Claire, ça ne veut rien dire du tout , le capital bad beat n’existe pas!

    Bon ce qui est super horrible dans ce genre de situations, c’est pas de passer des heures pour rien et sauter aprés avoir pris la bonne décision, c’est voir l’adversaire qui a joué comme une grosse pompe être récompensé!! C’est ça qui rend fou! A la rigueur on nous éliminerait tous les deux ça passerait!

  6. Maillon Says:

    Tu sais Claire, ça ne veut rien dire du tout , le capital bad beat n’existe pas!

    Enfin si il existe mais pas à l’échelle d’un seul wosp. A la prochaine saleté que tu mettras sur un coup décisif tu auras une pensée émue pour monsieur 5 7 off.

    Bonne continuation

  7. Rincevent Says:

    sick
    Le capital bad beat existe mais j’en connais qui ont des fonds inépuisables…

  8. Christian Says:

    Good play, bad result… That’s poker.
    Garde le moral, ta lecture est gagnante dans 90% des cas… ça console 😉

    GL pour la suite

  9. Arcanes Says:

    Que ton Coté Paranormal se rassure, il gobe tous les Bad Beat en ce moment qui t’environnent pour t’éviter d’en subir pendant les WSOP.
    C’est ton 3B. (BadBeatBuster.)

  10. aldanjah Says:

    La clé pour garder la tête sur les épaules :
    être « decision oriented » et non pas « result oriented », même quand ca coute cher 🙂
    C’était un call « couillu » de ta part ! good read !

  11. nicowar Says:

    ben moi, je dis c’était bien joué !!

  12. Ricardoc Says:

    Arf…

    Clair Good call !

    GL pour la suite !

  13. d w Says:

    La river est une carte qui trucide saignant de toutes façons…

    Mais j’allais dire, « ça ne veut rien dire du tout , le capital bad beat n’existe pas! » (mais qqun m’a devancé).

  14. tifus Says:

    Ca ne veut rien dire du tout , le capital bad beat n’existe pas!

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