Où il est question d’absence, de bad run, de zombies et, bizarrement, de chien qui sourit à la fenêtre…

La barre des 3 millions de chômeurs est franchie
Dans 100 ans, le niveau des eaux aura augmenté de 1 mètre
Huit millions de français sous le seuil de pauvreté
La tension monte entre la Chine et le Japon ; guerre imminente ?
Ras le bol général dans les hôpitaux et les écoles de la République
D’ici à 2050, la moitié des espèces animales connues auront disparu
All in perdu avec AJs vs 67o sur A724, river 7
Effet cancérigène prouvé pour les OGM
Un milliard de personnes n’ont pas accès à l’eau potable
Les massacres de civils se poursuivent en Syrie

Cherchez l’intrus.

Tout d’abord, je tiens à m’excuser pour cette absence absolument non-justifiée de la toile. Disons que qu’importe mon excuse, j’aurais du me remonter les bretelles pour zou, me poser devant mon clavier et faire quelque chose qu’au moins, je suis supposée savoir faire…

Sauf que voilà. J’ai été gnnnn. Gnnnnn comme un gnou mou qui se traine de l’ombre d’un baobab à un autre. Je me suis laissée atteindre par la badrunite. Voilà. J’ai un peu honte, parce que non, je n’ai vraiment pas perdu beaucoup et que oui, je ne joue pas assez pour amortir la variance mais ces derniers mois ont été réellement difficiles du point de vue pokeristique ; j’ai oublié ce qu’était le bonheur d’emplier dans des jetons dans des coups qui vont tout seul…

Ce qui est le plus difficile, c’est évidemment de ne pas savoir quand ça va se terminer. Quand on va gagner le flip décisif. Et pourquoi tout arrive d’une façon si caricaturale que l’on pourrait croire à une blague pas drôle ?

Avant d’entrer dans le vif du sujet (car vous vous en doutez, ce post ne sera pas qu’une longue démo de « how to be a pleureuse »), je vous donne un exemple de ce qui m’est arrivé à Londres il y a une semaine. Mon avion partait tard le soir et j’avais quelques heures à occuper…

Alors que je marchouille dans Marylebone, mes pieds m’amènent étrangement juste devant le Vic Casino. « C’est un signe », me dis-je. « Il faut que j’aille y prendre un petit billet, obligé, ça me paiera mon taxi, mon magazine, mon café et mon sandwich dans l’avion, ça fait toujours plaisir ! » (oui, je sais, vous noterez que mes ambitions ne sont pas très élevées en ce moment…)

Ni une ni deux, me voici installée à la 1£/2£ où je pose 100£. J’installe mon café sur la tablette à hauteur de main, j’achète des jetons à mon voisin et j’ouvre, vous l’aurez deviné, les as. Première main. Là, vraiment, je me dis que c’est réellement un signe… Je relance assez cher, c’est payé deux fois et le flop vient KQ2 à cœur. J’ai les as noirs. Je bet quand même, mon voisin fold et l’autre m’envoie son petit tapis. S’il a JT, l’as de coeur ou AK, il joue probablement pareil. Tant pis. Je n’ai pas su fold… Et il avait JT de cœur… Tant qu’à faire…

J’ai recavé une fois et perdu (un peu) ensuite avec couleur max contre full river, puis full contre carré. Bref, j’étais allégée de 200£ en prenant l’avion. Super. Et c’est comme ça depuis des mois. Imaginez donc le palpitant post que vous auriez eu à lire sur Viedefish si j’avais pris le clavier ; un post ne faisant que raconter des mains perdantes. Ce serait comme une Chantal Goya qui chanterait du Houellebecq ou un Almanach Vermot qui recenserait les meilleurs avis de décès 2012 de l’Est Républicain.

Donc maintenant, voilà, vous savez pourquoi je n’ai pas écrit dans ce blog depuis des semaines ; je n’avais pas envie de whine parce que je ne gagne pas un coup. Et surtout pas quand mes potes galèrent à trouver du taf, galèrent à garder leur emploi ou se tapent 2h de route pour aller bosser matin et soir dans une boite pourrie car ils ont des gamins à nourrir…

Il n’y a pas plus de 2 semaines par exemple, j’ai entendu parler d’une personne que je connaissais et qui « dormait provisoirement dans sa voiture le temps de retrouver du travail ». Moi, de mon côté, je venais de passer l’après-midi à la plage du Martinez, à déguster une assiette de fruit à 25 euros, dans un transat à 30 euros la demi-journée en sirotant un café à 5 euros. Le tout agrémenté d’une virée dans un fauteuil gonflable super fun, genre bouée géante, à tracer à fond les ballons au milieu des yachts amarrés dans la baie de Cannes… On s’était ensuite levés vers 18h parce que nous avions faim. Nous avions donc été nous faire une orgie d’huitres chez Astoux avant d’aller faire la bringue dans une boite branchée de la ville où nous avons commandé une bouteille (ou deux, je ne sais plus).

Vous trouvez ça indécent ?
Et bien moi aussi. Oui, je trouve ça indécent aussi.

Vous imaginez donc ma honte à devoir écrire dans un blog de poker que « je ne gagne pas un flip, ouiiiiin… », « je ne fais pas un résultat et j’ai une estime de moi qui rétrécit comme une chaussette en laine à 60° en machine, ouiiiin », « ma bankroll poker montée en 2010 s’épuise, ouiiiin », « je ne fais que des min-cash pourris ouiiiiin » ou autre gémissement inutile et stupide…

Il faut dire aussi que Vegas cette année a usé les nerfs de nombreux français qui sont rentrés dépressifs, fatigués, usés et blasés. J’ai eu la chance de terminer à jeu grâce à des heures passées aux tables de s’n’go ou deux ITM moyens mais suffisants (j’ai payé mes dépenses sur place mais fait aucun profit) mais combien se sont cagoulés, le tout dans une ambiance de chaos et de fin du monde ?

Car oui, vous ne le voyez peut-être pas mais le poker français a un goût d’apocalypse. Il flotte un parfum de cercueil, de procession funèbres et de fleurs en plastique. Les contrats ont diminué ou disparu, le FISC poursuit les joueurs restés en France, les taxes étouffent les sites de jeu en ligne qui perdent beaucoup d’argent, des circuits de tournois disparaissent, des médias spécialisés aussi… Bref, le poker français est à l’hosto. Pas encore au sous-sol dans les frigos mais au rez-de-chaussée, dans une salle d (e grandes) attentes à la tapisserie vert pâle, aux affiches de prévention maladie délavées et à la machine à café en panne. « Vous avez la sinistrôse Mônsieur… »

Du coup, les gens perdent leurs repères. A l’exception de quelques (rares) grands noms du poker français, les contrats diminuent et les pros crient au scandale « Mais comment je vais faire pour jouer avec ça ? ». Sauf que les joueurs talentueux sans contrats se bousculent à tous les portillons et que rares sont ceux qui sont encore assis dans les wagons… C’est plus que jamais chacun pour soi et les services autrefois rendus gratos entre businessmen du poker se raréfient comme les cheveux sur la tête d’un mec sous chimio (prenez d’ailleurs une minute pour réaliser à quel point vous avez de la chance de ne pas être malade, svp).

C’est comme si, dans un monde post-apocalyptique où plus rien ne pousserait et où le ciel serait toujours gris et lourd, il existait un petit village de zombies tristes, vivant dans des maisons avec des fleurs au balcon. Il y aurait des faons qui brouteraient des tulipes sur la place du village et le boulanger terminerait de cuire des miches qui sentent bon. Et les zombies râleraient parce que leur pain est trop cuit et que « C’était mieux avant » pendant que tout le reste de l’humanité se battrait pour lécher une vieille croûte de polenta desséchée.

Bref, si on résume la situation grâce au jeu mathématique des patates (si si, souvenez-vous, le truc en 4e auquel vous ne compreniez rien), il y a une énorme patate toute morose qui contient une petite patate un peu grise qui contient à son tour une toute petite patate aux joues encore roses : moi.

Voilà. Tout ça donc pour dire que mon absence de résultat du moment (et donc, le fait que je joue moins et moins cher) et bien on s’en fout. Avec Fab, nous avons une chance inouïe d’avoir la vie qu’on a, et on se le répète tous les jours (et il va de soit que mon quotidien serait beaucoup plus roots s’il n’était pas là, avec moi). Regarder le verre à moitié vide trahit toujours une immense stupidité, voire une inconscience dangereuse, car potentiellement contagieuse.

J’invite donc, avec enthousiasme et envie, le milieu entier du poker français à se laver la boue qu’ils ont dans les yeux pour la passer au tamis comme le feraient des orpailleurs en Amazonie. La vie est belle et nous vivons dans un milieu qui contient encore beaucoup d’argent, et donc, beaucoup de potentiel de gains, qu’ils soient liés au business du poker ou au jeu lui-même.

Je vais d’ailleurs me mettre des coups de pieds aux fesses moi-même afin de ne plus jamais whine quand je perds un flip ou qu’une fois de plus, j’échoue à quelques places de l’ITM. Surtout que j’ai la chance de toujours collaborer avec MadeInPoker, Blue Shark Optics ou encore les vêtements JAQK, qui sont trois boites que j’adore.  Et je ne parle pas des autres projets, plus perso, qui m’enthousiasment tout autant !

L’essentiel en réalité est de lutter contre le sentiment de panique et d’angoisse lié à la morosité ambiante. Car le vrai souci, c’est bien celui-là, le sentiment d’urgence dans la nécessité du gain : « Il faut que je gagne vite avant que le monde ne s’écroule ; c’est bientôt la fin, c’est maintenant qu’il faut que je stocke, dans deux ans, c’est la fin des zaricots ».

Donc cheer up and grind ! Ou, comme le dit une de mes chansons préférées, « Be quiet and drive ». Si vous savez exactement dans quelle direction aller, promis, tenez fort le volant et tout ira bien. Parce que comme dirait l’autre, « Le bonheur, c’est savoir ce que l’on veut et le vouloir passionnément. »

26 Réponses to “Où il est question d’absence, de bad run, de zombies et, bizarrement, de chien qui sourit à la fenêtre…”

  1. Manubluff Says:

    Un billet dont la qualite est proportionnelle au temps qu’il a mis a arriver. Excellent (comme toujours serais-je tente d’ajouter).

  2. kingyoann78 Says:

    nice billet plein de bon sens 😉

  3. Canonbis Says:

    Bon Courage Claire… Ton récit est tellement véridique…. Et la manière dont tu relativises est tout à ton honneur… Gl…

    Canonbis

  4. nico de saint malo Says:

    Coucou Claire,heureux que tu ne sois pas devenue un zombie,
    et super article je l’attendais celui la et je suis pas decu, vite un autre je suis en manque de bonne lecture sur le poker.
    take care

  5. Caleche19 ou Agnès. Says:

    Super papier, comme d’habitude. J’adore !

  6. Nantais Says:

    Content de te lire a nouveau

  7. Luisinho Says:

    Moi aussi je me disais qu’il faut que je reste positif malgré toutes ces annonces moroses.
    Faut pas perdre le nord… Ou bien habiter hors de France 🙂

  8. Yourday Says:

    Première fois que je viens sur ce blog, et quelle surprise !

    Une qualité largement suffisante pour me faire revenir : chapeau.

  9. Maillon Says:

    Beau billet. Aussi désagréable qui puisse paraître une situation à la table de poker il faut vite la relativiser.
    Reste à se méfier du temporaire qui dure…

  10. Un admirateur Says:

    C’est la misère dans le monde, j’ai ENCORE pris un bad beat!

    Bon désolé les petits loups, ces derniers temps j’étais trop occupée à claquer du fric! Mais soyez rassurés, j’ai pensé à vous et suis allée faire quelques donations aux tables de poker! Oui merci je sais, je suis flip-ante. J’ai honte, je suis une balla, j’ai mangé une grosse banane à 2€, telle une James blond girl j’ai navigué entre les gros bateaux, … Et pourtant j’ai honte : je ne gagne plus un flip.. sic.

    Heureusement on m’a dit que des gens étaient en bad run social, au moins y a pire que moi. Ahah les loosers, il n’ont jamais du gagner un flip de leur vie!! Ahhh ca va mieux, j’ai de la chance. Merci mon chéri.

    Vous trouvez ca indécent? Oui, moi aussi bordel, je n’ai PAS GAGNE UN FLIP depuis les calandres grecques. Le pire si je gagne alors bonjour les nouveaux problèmes. Au village des whinnerschtroumpfs, y a le méchant pervers Fiscgarmel, il fisce tous ce qui bouge. Et puis il y a tous ces zombies aigris tous gris, un peu grisatre. STOP ca suffit, je dis zut!

    Aimer l’argent, servez-vous, avant qu’il n’y en ait plus!

    • viedefish Says:

      Jolie plume, tu devrais ouvrir un blog (à moins que tu n’en ai déjà un ; impossible de savoir puisque ton commentaire n’est courageusement pas signé… Mais bizarrement, je pense qu’on se connait… 🙂
      Je crois que tu n’as volontairement pas voulu comprendre le contenu de mon blog et que tu as pris grand plaisir à tout tourner en ironie, le tout gavé de bad vibes et de méchanceté… Surtout quand tu écris/insulte « ahaha, les looseurs ». Comme si je pouvais penser l’ombre d’un truc aussi débile et cruel un jour…
      Quant à moi, au jour d’aujourd’hui, j’ai de la chance, je le reconnais et c’est tout. Ca n’a pas été toujours le cas et ça ne le sera probablement pas toujours. Mais là, c’est comme ça et voilà ; je parle dans mon blog avec sincérité de ce que je ressens, comme d’hab.
      PS : et oui, j’ai envie que les gens qui m’entourent ne se laissent pas démoraliser par la mauvaise ambiance du moment et qu’ils trouvent la force de monter des business ou se battre pour sortir leur épingle du jeu.
      PS2 : et puis j’en ai marre d’entendre whine des gens en bonne santé, qui voyagent, qui gagnent (parfois largement) plus que le salaire moyen et qui ont un appart, des potes, de la famille etc…

  11. Un admirateur (Julien) Says:

    Mon propos était sarcastique, je n’insulte pas, je raille. Ça n’a rien de personnel, c’est lié uniquement au contenu de ce post. Il n’y a rien de courageux à signer ou non, il y aurait davantage un manque d’honnêteté si je vous connaissais or ce n’est pas le cas.

    J’aime beaucoup votre blog, je partage souvent vos analyses et j’admire Fabrice en tant que joueur de poker. Je suis un lecteur assidu, secrètement amoureux de vous, parfois jaloux.

    J’ai écris ce post parce que je suis déçu que vous cachiez une certaine paresse derrière un tas d’excuses. Trois mois sans le moindre post, c’est vraiment long. Un fan déçu de cette nouvelle orientation, trop peu d’épisodes, une esthétique toujours présente malgré un contenu équivoque.

    Merci du compliment, je vous le retourne bien volontiers.

    PS : « J’ai envie de », « j’en ai marre de » / ah les filles!

    • viedefish Says:

      En réalité, ce n’était pas de la paresse mais vraiment un manque d’envie de raconter des choses bofbof-pas-terribles… Pourtant dieu sait que j’aime me la couler douce mais là, c’était autre chose… J’arrivais devant mon clavier et…rien. La page blanche. 😦
      En tout cas merci pour votre commentaire et de votre retour (le « jai envie de/jen ai marre de » m’a fait sourire). Et promis, je ferais de mon mieux pour écrire plus souvent ; c’est vrai que 3 mois, c’est vraiment long… 🙂

  12. D8 Says:

    sérieux 3 mois? Tu nous as laissé 3 mois seuls!? NON ASSISTANCE A PERSONNES ET SANGLIER EN DANGER tu connais!?
    Bon moi ça fait 3 semaines, alors que depuis février 2008 mon plus grand écart était de 8 jours.. Tu parles d’une sinistrose..
    ;(

  13. Grumz Says:

    Bah c pas grave de whinner, Rincie fait ça depuis des années, ça l’empêche pas d’être au top du classement… En plus sur ton blog t’es sûre de cartonner à chaque billet!

  14. llwb Says:

    Fidèle à ton blog (je vais régulièrement faire un tour pour lire tes billets) je suis également assez circonspect sur ce dernier post …
    Je vois pas trop ou tu veux en venir et pas d’accord avec la conclusion :
    « La vie est belle et nous vivons dans un milieu qui contient encore beaucoup d ’argent, et donc, beaucoup de potentiel de gains, qu ’ils soient liés au business du poker ou au jeu lui-même. »
    Sauf que le poker est une activité à solde nul, qui ne produit rien (sauf des téléréalités sans intérêt !!) et dont la valeur ajoutée est proche de 0.
    Ben oui, pour avoir des gagnants (des gains donc), il faut autant de perdants en face …
    Quand on voit le système pyramidal de Fulltilt qui permettait de payer des salaires faramineux à des « pros »…
    Et je pense que la morosité ambiante est annonciatrice d’un déclin progressif du poker, du moins on ne reverra pas l’effet de mode et le boum des dernières années.
    Laurent

  15. bustydoll Says:

    un moment de honte est si vite arrivé mais rassures-toi on ne vit qu’une fois, la honte ne t’empêche pas de vivre cette vie donc elle ne doit pas t’empecher de la raconter…il y a une certaine cohérence…après tout je suis sur que ton ami sdf est ravi que tu ne sois pas dans la même situation que lui et a sans doute honte aussi de te raconter sa vie…tout est question de perspective.

    jolie plume en tout cas

  16. Andtherivercame Says:

    Bonjour Claire

    Je pense que nous avons tous constaté qu’il est plus dur de gagner on-line et qu’il est aussi plus dur de gagner en tournoi live, pour les tournois je m’avance un peu car je n’ai jamais perfé à part dans le 60€ de Saint-Pancrasse les eaux. Reste le cash live

    Le manque de résultat et/ou le bad run est un quotidien qui affecte ou affectera tout joueur de poker digne de ce nom. A titre personnel, j’ai tellement traversé avec douleur ces phases-là que je te comprends. Les méthodes suggestives ou comportementales pour se remettre dans le cercle vertueux de la réussite sont légions et je suis sûr que tu sais quoi faire.

    J’ai une vraie question sur la façon de travailler ton poker. Maintenant, que les vidéos, que les forums, que les e-book ont fait d’un grand nombre d’incultes des joueurs décents. Comment faire pour développer la créativité? N’est-ce pas un manque à gagner que de ne pas profiter de ce temps un peu morose pour travailler des schémas qui sortent de l’ordinaire? Je répète un peu les propos de DonLimit, mais je serai curieux de ta réponse.

    Anyway, good to read you again.

    Cheers

    • viedefish Says:

      Hello River,
      Je pense qu’il y a une grande différence entre être créatif et être bon et que les deux, au poker, ne sont pas synonymes. Certains joueurs sont excellents car ils maitrisent un poker propre et intelligent, le tout avec une excellente lecture de l’adversaire mais sans faire de trucs de fous ou de nouveaux moves de dingo.
      Le fait justement que les joueurs puissent se renseigner et progrsser désormais aussi facilement avantage, à mon avis, le jeu solide. En effet, un joueur qui était médiocre il y a quelques années aura vite compris la notion de c-bet, de 3 barrel, de 4 bet light etc… Sauf qu’il y a de grandes chances pour qu’il le fasse malpuisqu’il va justement tenter de faire des moves de fou qu’il a vu à la TV. Et j’aime assez l’idée de profiter des erreurs d’un adversaire qui s’enflamme et qui veut faire comme, justement, ce qu’il a lu dans les coverage et sur les forums chez des joueurs qu’il admire.
      Quand je m’assois à la table, je vois de plus en plus souvent des joueurs jeunes à capuche qui jouent super nitty. Parce qu’ils savent que le joueur qui s’est renseigné et a tenté de progresser en face, va le catégoriser immédiatement et le 5-bet light dans la foulée (« De toute façon, le mec il a jamais dans ce spot »). Du coup, au lieu de faire des trucs de dingues, ils sont de plus en plus nombreux à attendre les livraisons…
      Après, ce n’est évidemment pas la seule école et il est évidemment toujours intéressant que disséquer son jeu et de tenter de sortir des sentiers battus pour embrouiller l’adversaire. Sauf que n’est pas Picasso qui veut : pour savoir déstructurer son jeu, il faut d’abord absolument maitriser le jeu de base. Et peu y réussissent…
      Je pense aussi évidemment qu’il peut être très intérressant, contre de très bons joueurs, de faire des moves différents et de polluer ainsi la lecture de l’adversaire. Bon, après, le poker reste limité et peu d’éléments peuvent être modulés (bet sizing, timing, patterns à l’envers…) mais rien n’est pire à lire ou à jouer qu’un mec qui overbet comme un fou avec de min-bet, le tout avant de re-raise tapis. Sauf que peu de gens arriveront à faire ça avec art… La plupart vont se planter et perdre de la value (voire leur tapis) parce qu’ils ont voulu être créatifs…
      Donc perso, je trouve que tenter en permanence de masteriser au mieux son jeu (qu’il soit TAG ou LAG) est vraiment l’essentiel. Et peu de joueurs y arrivent vraiment ; beaucoup ont des leaks, qu’ils soient mentaux ou techniques. C’est pourtant, à mes yeux, l’étape essentielle avant de passer à l’étape suivante de déconstruction…

      • Andtherivercame Says:

        Merci de ta réponse. Je vais méditer le « être créatif et être bon ». Car il est vrai que je pense qu’à partir d’un niveau que je vais qualifier de « standard gagnant » même si le mot est mal choisi, La seule différence entre le bon et le moyen est justement la créativité.
        Il est vrai que cela sous entend que tous les basiques sont maîtrisés et stables dans le temps. No tilt effect….
        Good luck 2 you.

      • viedefish Says:

        Pour moi, un « bon » joueur n’est pas un joueur qui « maitrise les basiques et est stable dans le temps ». Car en effet, j’aurais du employer le terme « excellent joueur » dans ma réponse. Donc un « excellent » joueur n’est évidemment pas un joueur qui se contente de « maitriser les basiques et être stable dans le temps ». A mes yeux, il existe d’excellents joueurs qui ne sont pas nécessairement « créatifs » de folie. Si un joueur possède par exemple une excellente lecture de ses adversaires (du à différents paramètres, par ex, en live, certains joueurs lisent leurs adversaires avec aisance, ce qui est loin d’être le cas de beaucoup…), il n’a pas besoin d’être créatif puisqu’il prendra très souvent la bonne décision…
        De plus, y a un problème dans la notion de définition de « créativité » à la table : il y a en effet des degrés entre « le jeu basique » et « un jeu hyper-stylé qui valse dans tous les sens ». Et il est évident qu’un joueur qui joue tout le temps façon ABC sera qualifié de moyen car trop lisible, ce n’est même pas le sujet… Je pense qu’on ne parle pas du même degré de créativité… Il est implicite dans ce que je dis qu’un bon joueur soit un joueur qui varie son jeu/ses bets/ses relances/ses patterns etc… C’est juste tellement évident que je ne l’ai pas précisé…
        De plus, être créatif contre des mauvais joueurs ou des joueurs moyens ne sert à rien puisqu’ils ne réfléchiront pas assez pour que la créativité ait un effet positif. Etre « créatif » n’est utile que face à de très bons joueurs qui sont capables de comprendre les lignes adverses et d’avoir un raisonnement poussé. Pour rendre fou un mec à la table en jouant des coups à l’envers et à l’endroit, il faut déjà que l’adversaire ait le niveau suffisant pour piger ce qu’est « un coup à l’endroit ».
        Donc contre des mecs à niveau moyens, corrects ou mauvais (=99% des joueurs), je pense qu’un jeu intelligent (=savoir à qui on a à faire, avoir une bonne lecture), solide, propre (ça ne veut pas dire boring ou standard ABC facile à lire) et varié (pas besoin d’y mettre une folle créativité… juste de varier ses patterns/bets pour embrouiller les lectures adverses) est efficace. Et qu’un jeu plus pimenté et rock’n’roll ne sera efficace que contre une infime minorité du field : les excellents joueurs, qui sont les seuls qui tomberont dans le panneau. Et comme à la base un bon joueur ira de préférence affronter des fishs, à moins que ton kif soit l’inverse, of course, je maintiens qu’un jeu funky est très souvent inutile. Et que beaucoup de joueurs (dont je fais partie) devraient travailler plus sur leurs leaks et leurs faiblesses diverses avant de tenter de déconstruire leur jeu et de faire des moves funky. Car tu penses peut-être que tu es déjà vraiment bon et que tu ne peux plus t’améliorer autrement qu’en déconstruisant ton jeu, et si c’est le cas tant mieux, sauf que généralement, et bien ce n’est pas le cas…
        Voilà… GL à toi aussi et merci pour tes commentaires ; c’est en effet un sujet interressant !

      • Andtherivercame Says:

        Bon nous sommes d’accord sur un point que tu sous entends dans ton post: le choix des parties. Pour moi évidemment c’est une des grosses clés du cash live. Évidemment encore je te rejoins sur la nécessité ou plutôt la non nécessité de faire un poker créatif dans ces parties lá (tu rajoutes la variance des parties larges et tu as plutôt intérêt à minimiser la variance).
        Je m’interroge juste car 90% de mes potes que je juge bons on-Line en cash (gagnant NL400 et plus il y a un an ou moins) ont vraiment du mal à s’en sortir et on avait eu un débat à ce sujet : comment sortir des schémas préconçus?
        Concernant mon cas, je ne m’estime pas bon techniquement, et je ne travaille pas assez, juste au coeur d’un débat intéressant. La seule chose que je sache faire c’est me débrouiller pour jouer la ou il le faut….
        Cheers.

      • viedefish Says:

        En effet, le débat est très interressant : comment faire pour continuer à gagner dans un milieu où l’egde se réduit de jour en jour… La réponse c’est peut-être de changer de variante, non ? Car même si le PLO est un jeu à gros swing et qui ne permet pas, par ex, d’avoir des situations de 80/20 préflop, il existe de très grosses différences de niveaux, même à des tables assez chères. Car j’ai peur que le NLHE se heurte finalement assez rapidement à ses limites ; ce n’est pas un jeu qui a la marge de progression ou la profondeur des échecs… Et s’il y a une grosse différence de gain espéré sur une confrontation fish/pro ; la différence de niveau (et donc de gain potentiel) entre un joueur bon/correct et un excellent joueur reste modérée, qu’il y ait (ou pas) de jeu funky, déstructuration, patterns à l’envers ou toute autre tentative d’écraser l’adversaire par des voies inhabituelles… Je mettrais juste un bémol grâce au jeu en live, où des joueurs trouvent de l’edge supplémentaire grâce à l’analyse physique de leur adversaire pour les aider à prendre des décisions.
        En tout cas, bonne chance à tous les pros dans les années à venir ; ça va être de plus en plus chaud de toute façon !

  17. titipoker Says:

    Adroit ou maladroit, un article est toujours un excellent moment de lecture chez toi.

    Histoire d’ajouter de la légèreté en fin de lecture, toi qui a autant de connaissances importantes que moi de kilos en trop, pourrais-tu t’arranger pour que « Chantal Goya qui chanterait du Houellebecq » devienne une réalité ? —

  18. KKof Says:

    Nice post !
    Aller, faisons disparaître cette sinistrose générale et reprenons du plaisir à jouer.
    Curieusement ton article redonne la pèche, merci.

  19. elpinto Says:

    Une personne dont l’une des une des chansons préférées est Be Quiet and Drive des DEftones ne peut vraiment être qu’une bonne personne.
    Continue à écrire , personellement je prends plaisir à lire ce blog , je le trouve honnête et particuilèrement bien écris , ce qui pour un blog estampillé « poker » est vraiment rare
    Je te souhaite de regagner « tes flips » à l’avenir mais bon d’abord moi heinnn faut pas deconner

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